Petit manuel d'inesthétique Alain Badiou

Publié le par bernard.fortin.over-blog.com

Par "inesthétique", j'entends un rapport de la philosophie à l'art qui, posant que l'art est par lui-même producteurs de vérités, ne prétend d'aucune façon faire, pour la philosophie un objet. Contre la spéculation esthétique, l'inesthétique décrit les effets strictement intraphilosophiques produits par l'existence indépendante de quelques œuvres d'art.

A.B.. avril 1998

 

 

Pourquoi reconnaît-on la pensée d'un philosophe (comme écrivain)  à publier en tant que sa vérité contestée par tout un chacun de la philosophie. Cependant, aucun deux, excepté Deleuze, me semble-t-il, accepte que l'artiste soit producteur d'art en tant que vérité plastique provoquant un embarras dans l'ordre même de la pensée philosophique ?



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Ce qui permet un dévoilement de ce qui est présent au regard de celui qui offre à quiconque sa production esthétique.


Ce dévoilement ne peut-être qu'une vérité en soi.

(J'ai besoin de vous Alain Badiou pour que vous m'expliquiez ce que je ne comprends pas.)


Si le Beau jusqu'à notre contemporanéité n'a été que le seul but admissible par toutes les confrèries. Il nous apparaît que notre contemporanéité à permis par le truchement de la peinture de rejetter cette augure à cause des progrès duent à l'évolution technique de la photographie.  N'est-ce pas reconnaître que seul le "Beau" est représentatif de la vérité et d'écarter la laideur pour ne lui permettre que la fausseté ?

Peindre c'est être sincère. C'est se mettre à nu devant la toile blanche pour y produire de l'absurdité. J'ai déjà fait référence à Deleuze pour ce constat propre à la préparation de l'artiste avant de souiller le support. Il en est de même pour l'écrit du philosophe. Albert Camus an face-à-face au soleil commet l'irréparable de sa fiction pour atteindre la dimension du "Mythe de Sisyphe". N'est-ce pas en cela qu'il s'arroge la philosophie par le biais de l'impensable de celle-ci : l'absurdité ?


Ce qui diffère de la représentation expressément coloriste de ce qui apparaît dans la composition de "L'île de la Grande Jatte" de Georges Seurat est ce qui est peint tel quel, comme Seurat l'a voulu (donc pensé), à disposition de qui veut regarder et comprendre cette mise en scène statique, comparée à la gestuelle du coup de baguette du chef d'orchestre, tel que Boulez, qui attend impérativement qu'une harmonie se développe à partir de ce commandement. Il n'y a rien à voir, rien à palper, rien à sentir, goûter. Seulement à partir d'un recueillement la vérité à obtenir est celle des sons qui envahiront l'espace à souhait. Nous apprécierons l'hédonisme de la situation comme loi universelle platonicienne. Nous serons pénétrés d'une force irrésistible qui n'accepte aucune erreur pour une oreille absolue ; faut-il en retour l'avoir ? Le scientifique nous ferait part d'une chaîne opératoire. Quant à la transmutation métaphysique elle ne pourrait que nous mettre en relation avec le divin comme a su nous enseigner Plotin par la conversion.

Qu'en attendrait Wagner, s’il le savait, ce que peut être sa puissance musicale livrée à la  baguette qui prend vie par la main de Pierre Boulez et, par surcroît, à la mise en scène grandiloquente de Patrice Chéreau ?

 

Bernard Fortin

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